bleu fushia

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Petit braquet (30)

En être, ou non... (photo agence Reuters, à St Pierre de Rome)

En être, ou non…
(photo agence Reuters, à St Pierre de Rome)

Ce matin, au réveil – sans doute un effet des vacances – je me sentais un peu seule.

Enfin, pas seule (mon compagnon était à mes côtés, il me souriait à ce moment-là de son sourire le plus lumineux), mais comment vous dire, plutôt isolée…
J’ai du mal à vous expliquer. C’est mon syndrome d’appartenance.

Si je ne suis pas ouvertement reliée à un groupe d’humains élus, si je ne suis pas « un peu pareille » que certains autres (pas n’importe qui, quand même !) et si on ne peut pas m’identifier comme faisant partie d’un tout plus grand que moi, je me sens un peu comme si j’étais toute nue sur une scène (notez qu’avec la canicule, être toute nue est justement l’état dans lequel j’étais, et c’était à la fois bon et adapté, mais sur une scène, ça craint du boudin, en revanche).
Et là, au bout de presque un mois de vacances, le groupe s’estompe dans les brumes de chaleur. Je ne dirais pas que le boulot me manque, mais en revanche, la sensation de faire partie d’un tout qui me grandit, dans lequel je puisse m’identifier comme un rouage qui compte, ça, oui !
Je vous vois penser à haute voix : elle est complètement chtarbée, la Lili Ze Prof ! Elle a fondu une bielle…
Faites gaffe, avec vos moqueries : même si je fais partie des profs bienveillants, ma vengeance peut être terrible ! Lire la suite


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Hop hop hop, hip hop (1)

©Bleufushia

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J’ai une chance infinie, j’habite au bord de la mer.

Tout au bord. Au plein coeur de l’été, pour cause de canicule autant que de foule, je ne fréquente cependant la plage qu’assez peu, aux pâles heures du jour, ou juste avant la nuit, dans les moments qui me permettent de goûter un certain calme, de m’emplir de la beauté du spectacle sans rien qui m’empêche de m’y absorber.

Je me baigne longuement, au loin, et je passe assez peu de temps sur la plage elle-même, juste celui de me sécher, d’admirer la lumière tendre du matin ou celle, dorée, du jour en train de s’éteindre.

Pendant ces moments-là, j’observe aussi ceux qui, de plus en plus tard, d’ailleurs, s’attardent dans les mêmes heures que moi sur ce petit bout de sable.

J’y glane, jour après jour, quelques clichés furtifs, et des observations souriantes et souvent étonnées des gens et de leurs activités variées, de leur façons d’être…

C’est futile, mais je me rends compte que j’en ai besoin, pour m’éloigner quelques instants de la gravité douloureuse de l’actualité et du monde tel qu’il (ne) va (pas).

M’est soudain venue l’idée d’une petite chronique désordonnée où je coucherais sur ce blog, en petites touches, mes sourires du soir ; une chronique sans prétention autre que de partager, et qui s’égrènerait de façon un peu molle au fil de l’été.

Je l’ai d’abord remarquée elle, dans ma collection secrète et sans suite – collecte dont je ne fais rien, ni statistique ni relevé précis, mais qui me laisse toujours abasourdie, tant la liste s’allonge à vue d’oeil dès que je commence à m’y intéresser – de « gens qui téléphonent dans les endroits et aux moments où ils pourraient en profiter pour s’esbaudir du monde qui les environne ».

©Bleufushia

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Puis, je l’ai vu, lui, le hip hopeur agile et obstiné, et j’ai admiré un moment sa grâce, oubliant la téléphoneuse absorbée par ce que portaient les ondes invisibles, et provisoirement aveugle à l’onde réelle mouvante devant ses yeux.

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Plus tard, j’ai capté le lien entre les deux, et ses tentatives, à lui, de se faire remarquer et admirer, ou au moins reconnaître…

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Et sa relative indifférence, à elle, plutôt occupée à se recoiffer, à jouer avec une branche abandonnée sur le sable, à vérifier si l’élastique de son maillot était vraiment au bon endroit, à se faire désirer, à l’obliger à en rajouter une couche, toujours plus haut, toujours plus acrobatique dans sa parade de séduction.

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Il m’a fait un peu de peine, à un moment : l’élégance et la virtuosité de sa chorégraphie devant une spectatrice rétive et silencieuse, comme si elle avait dépensé tous ses mots dans son échange téléphonique. Quel gâchis !

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J’ai pensé que, même si, visiblement, il ne m’a remarquée à aucun moment, moi qui prenais sans me cacher des clichés de son spectacle, il était bon, malgré tout, que j’aie été là et qu’il ne se soit pas dépensé totalement en vain. J’ai pensé à tout ce qu’on fait, tous, dans une vie, pour parvenir à obtenir, de temps à autre, un regard attentif, une reconnaissance de notre caractère unique. Pour parvenir à être aimé, tout simplement.

Un moment, un petit instant. Même fugace.

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