
Permanence de l’enfance (photomontage ©.bleufushia)
Nous sommes tous inscrits dans une lignée, dans laquelle se sont produites des difficultés variées, certaines résolues, d’autres non.
Au moment où nous venons au monde, nous sommes le croisement de deux histoires, à un moment donné de leur évolution, et lors de notre naissance, c’est comme si nous prenions le témoin dans une course de relais.
Notre vie va être tissée de ce qui nous arrive, de nos interactions avec nos parents (puis d’autres qu’eux), et aussi des histoires non résolues avant nous (secrètes ou non).
Dans le ventre de notre mère, nous sommes plongés dans un liquide hormonal, qui nous met au diapason de ce qu’elle ressent, par le biais des émotions chimiques que sont les hormones.
On ne naît donc nullement vierge, mais imprimé de toute cette histoire, et avec déjà une représentation – qui se situe hors de la conscience – du rôle qu’on est censé avoir, de la façon dont on va être accepté ou non en fonction de ce qu’on va faire – et avec des émotions aussi, celles de la mère, mais également les nôtres.
Survie
Quand un stress apparaît, nous allons nous adapter, et produire la réponse la plus efficace à ce moment-là : cette réponse est celle qui va nous sortir d’embarras, faire baisser le stress, et nous permettre de fournir le comportement qu’on attend de nous.
Nous adoptons une réponse de survie (lutter, fuir, faire le mort…) et nous l’engrangeons avec l’émotion et la nature du stress dans notre mémoire.
Refoulement des émotions
A la rencontre ultérieure d’une nouvelle situation de stress de même nature (ex : si on a eu un gros stress à la naissance – qui est notre première séparation et notre premier début d’autonomie -, toute situation de notre vie ressemblant à une séparation, quelque chose qui nous sort de notre zone de confort avec cette coloration-là (ça peut être dans des contextes aussi différents qu’un déménagement, une rupture, un changement de travail…), va amener le cerveau à chercher dans sa bibliothèque ce qu’il a en mémoire comme réponse, et il s’en sert, de la même façon.
En fait, nous prenons peu à peu l’habitude de situations en mode survie, adaptatif, en utilisant un cocktail bien mélangé et fusionné, formé d’une perception initiale, d’une situation initiale, d’une émotion initiale et d’une action.
Avec le temps, tous ces comportements (qui correspondent à des schémas hérités ou à des choses nouvelles créées par notre environnement particulier) vont avoir plusieurs conséquences : ils deviennent des habitudes stéréotypées (dès le moindre indice d’une perception à peu près identique, on fonce), ils sont de moins en moins efficients, ils nous éloignent de plus en plus de qui on est (puisque leur but initial était de nous adapter à la demande d’un autre – dans le but de nous faire aimer), ils créent en nous des conflits (parce que nous ne sommes pas libres d’une autre réponse, n’en ayant pas expérimenté d’autres, et ne parvenant même pas à penser qu’il y puisse y en avoir une autre).

Il y a toujours un ancêtre quelque part (photomontage ©.bleufushia / remerciements à Philippe F.)
Le rôle des symptômes
Le corps commence alors à produire des symptômes, qui ont trois fonctions : nous indiquer que quelque chose ne va pas, nous donner des indices sur ce qui ne va pas (parce qu’on n’a pas n’importe quel symptôme), et une autre fonction qu’on voit rarement : nous aider à justifier qu’on ne fait pas ce qu’on devrait faire.
Exemple : si je suis déprimé, la déprime me prive de force et d’envie (et m’handicape) et en même temps, elle est le symbole que je n’ai pas de force pour faire ce que je devrais, et elle montre à tous (et à nous-même) qu’on ne peut pas faire ce qu’on devrait parce que justement, on n’a pas de force.
Et le serpent se mord la queue : comme nous n’avons pas de force, nous allons attaquer le problème tel qu’il se montre : par des médicaments.
- s’ils agissent, le symptôme qui n’a pas pu se faire entendre va se manifester ailleurs et autrement.
- s’ils n’agissent pas, ce n’est pas mal non plus, parce que, tant que nous sommes en train de lutter contre un symptôme, nous n’avons pas à nous confronter à l’extrême douleur psychologique, émotionnelle, qu’il dévoile tout en le masquant.
Ma pratique
Les soins que je pratique (de trois natures différentes) ont tous la même approche, ce sont les moyens d’action qui diffèrent.
Deux ont pour base la médecine chinoise (pour laquelle il n’existe aucune maladie qui n’ait pas pour origine une émotion), du décodage biologique (réflexion sur la zone atteinte, sur sa symbolique, sur sa fonction…), de la psychogénéalogie, entre autres outils.
La démarche consiste à chercher quelle est la première situation de stress, quelle était sa coloration émotionnelle, quelle a été la réponse (comment le corps a engrangé une faiblesse à tel endroit, ou sur tel méridien, en fonction de l’émotion de base, faiblesse qui va être à la base de beaucoup d’autres qui vont suivre).
On cherche ensuite à « dé-fusionner » le stress, la situation, et l’émotion… pour ensuite proposer au cerveau une piste de solution autre (qui en général, branche la possibilité de l’émotion opposée), en rétablissant le choix.
Cette notion de choix possible de la personne (en fonction d’elle, de ses valeurs, de sa nature, de son moi propre – et non pour s’adapter à la demande) est la finalité que l’on poursuit.
De façon très étonnante, parfois, il suffit de signaler à notre cerveau qu’on a compris la nature du problème, pour que la « nécessité » du symptôme – dans son rôle de signalement, dans ce qu’il nous permet d’évitement – disparaisse.

De rouille et d’eau (photomontage ©.bleufushia)
D’autres fois, il faut y revenir, parce qu’on n’a pas fait disparaître, dans cette première intervention, le bénéfice que la personne tirait de l’ancienne situation. Et la personne peut encore manquer de force pour mettre en œuvre autre chose.
La « lecture » de ce que le corps a à nous dire de notre histoire se fait en premier lieu à travers nos fascias : tissus qui entourent tout dans notre corps, dans un faisceau continue à plusieurs couches, et qui grave en lui nos blessures émotionnelles.
Mais aussi au moyen de la médecine chinoise, qui permet de repérer facilement quel méridien est en jeu (il y en a souvent plusieurs).
Ces fascias et ces méridiens répondent à chaque séance ce que la personne est en passede pouvoir accepter de faire monter à sa conscience (pas tout d’un coup, mais ce dont la personne commence à souffrir le plus).
Souvent, ce qu’on peut transmettre à la personne dont on s’occupe, c’est la mise en lumière des questionnements qui doivent se poser à elle, maintenant. On n’a pas la réponse, et la personne pas forcément non plus, mais la bonne question fait en sorte qu’on puisse commencer à envisager, puis à tenter des réponses divergentes, des changements de points de vue, qui vont éclairer nos représentations, nos perceptions autrement…
Et à partir de là, le corps peut commencer à se détendre, à se décrisper… et on est sur la voie du mouvement, et des recherches de sens, de ce qui pourrait être notre sens à nous, notre identité propre…
On peut commencer à passer de la survie à la vie, du non choix au choix.

Vivre (photomontage ©bleufushia)
©.bleufushia (pour Lili Thérapie)